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l`embouchure
Dystonie de l’embouchure
Le terme « dystonie de l’embouchure » décrit un type de dystonie qui affecte les instrumentistes à vent.
Le terme «l'embouchure» se réfère à l'adaptation de la bouche pour s'ajuster à «l'embouchure» d'un instrument à vent.
Tous les muscles intervenant dans la génération du son ( langue, joue, diaphragme, abdominaux, …) sont susceptibles de souffrir ou d’être lésés.
Les termes utilisés pour décrire la dystonie de l’embouchure comprennent : fatigue des lèvres, dystonie focale, troubles de la sphère ORL et dystonie de la lèvre des clairons
Symptômes
Les mouvements anormaux qui caractérisent les dystonies de fonction cervicofaciales sont souvent très subtils et ne se manifestent que lorsque le musicien joue, bourdonnent dans l'embouchure, ou en formant l'embouchure.
Pour comprendre quelle importance revêt la bouche pour les instrumentistes à vent , il nous faut brièvement expliquer comment est produit le son.
Pour les instruments appartenant à la famille des cuivres (cor, trompette, trombone, tuba) le son provient de la mise en vibration de la partie libre des lèvres dans l’embouchure. La vibration est modulée par la pression de l’air intrabuccale, la pression de l’embouchure contre les dents et la tonicité de la lèvre. Plus la note est aiguë, plus la pression est importante.
Pour les instruments de la famille des bois (clarinette, hautbois, basson et saxophone), la vibration est produite par le souffle du musicien sur une lamelle de roseau dans le bec de l’instrument et c’est le pincement contrôlé des lèvres sur l'anche qui va moduler le son.
Les lèvres sont, par l’intermédiaire du «muscle orbiculaire des lèvres», un organe essentiel pour la production des sons des instruments à vent. Mais elles ont besoin d’une armature constituée par la denture sous-jacente qui subit les pressions de l’embout buccal. L’artiste expire l’air de manière contrôlée par le diaphragme, mais aussi par l’ensemble des muscles respiratoires du larynx, du pharynx et de la cavité buccale où l’air subit sa principale transformation. C’est ce que les musiciens nomment « la colonne d’air ».
Les mouvements de la langue et de la mandibule vont faire varier le volume et la taille de la cavité buccale ce qui va influer sur la qualité et l’articulation du son. Parallèlement, la pression de l’air doit être maintenue par l’ensemble des muscles faciaux.
Les symptômes dépendent donc des muscles atteints.
De façon générale, les symptômes de la dystonie de l'embouchure comprennent :
- les fuites d'air dans les coins de la bouche (parfois pire dans les registres supérieurs et accompagnés d'un tremblement perceptible involontaire).
- des contractions anormales des muscles de la face
- élévation excessive du coin de la bouche
- fermeture involontaire de la bouche
La dystonie de l'embouchure est généralement indolore, mais peut susciter un stress psychologique intense.
L’âge de survenue est précoce, entre 25 à 30 ans, comparés aux mains (30 à 50 ans), probablement parce que les muscles buccaux et faciaux sont moins résistants.
Cause
Certains syndromes douloureux chroniques et certaines neuropathies peuvent précéder et peut-être même favoriser le développement d'une dystonie focale. La pathogenèse des dystonies focales n'est pas entièrement comprise, mais plusieurs éléments font penser qu'elles pourraient dériver d'une mauvaise intégration sensori-motrice corticale à cause d'une plasticité cérébrale anormale.
On a pu observer que l'exercice régulier de la musique conduit à une réorganisation de certaines aires motrices, sensitives et auditives régulièrement sollicitées. Cette plasticité cérébrale est fondamentale pour l'acquisition de mouvements coordonnés de grande rapidité et précision qui sont essentielles pour jouer la musique, mais pourrait aussi contribuer au développement de certaines dystonies focales.
Ceci n'explique pas tout, du moment que la plupart des musiciens ne développent pas de phénomènes dystoniques il faut admettre d'autres facteurs, comme une susceptibilité individuelle et peut-être une prédisposition génétique (dans moins de 10% des cas de dystonie focale, il existe une histoire familiale de dystonie).
Diagnostic
Comme tout muscle, l'orbiculaire des lèvres peut souffrir de fatigue, crampes, courbatures, fourmillements ou de dystonie. Le type d’instrument influence les lésions retrouvées et l’activité musicale influence la survenue des problèmes. Sur le plan médical, il faut éliminer les autres atteintes neurologiques et lésions.
Le diagnostic de dystonie est difficile à confirmer, mais l’interrogatoire est subjectif. L’examen clinique hors activité musicale est normal et une prise en charge pluridisciplinaire qui réunit ORL, orthophonistes, orthodontistes, neurologues et musiciens est utile avec examen au cours du travail, au moment de la gêne.
Traitement
Le traitement de la dystonie de l'embouchure, comme le traitement de toutes les dystonies, est purement symptomatique, à ce stade. Les thérapies suivantes peuvent être tentées, mais fournissent généralement peu de soulagement de la dystonie de l'embouchure :
- Médicaments oraux, y compris Artane ® (trihexyphenidyl), Klonopin ® (clonazépam), et Lioresal ® (baclofène)
- Les injections de toxine botulique (Botox®, Xeomin®) permettent de réduire les contractions involontaires, mais l'anatomie de la zone doit être évaluée soigneusement pour éviter une faiblesse inacceptable